Ombres et lumières / Michel Revelard, Guergana Kostadinova.- Binche : Musée International du Carnaval et du Masque ; CoPHAB, 2002.- 66 p.; ill., 30 cm.- (Traditions et Patrimoine ; 15).- ISBN 2-87232-021-0.
En vente à la boutique du Musée à 5€.
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Par leurs caractères propres, par leurs graphismes, leurs couleurs, leurs matériaux, leurs roles, leurs significa-tions, elles sont aussi l’expression d’un art populaire qui témoigne de différentes sociétés avec leurs points communs et leurs spécificités. Ces éléments complètent, précèdent ou prolongent le théâtre masqué et affirment à quel point les différentes techniques théâtrales constituent en Asie non de simples divertissements. mais un art didactique qui transmet même à ceux qui ne savent ni lire, ni écrire les histoires et les mythes qui servent de références communes à toutes les classes sociales et qui forment comme le ciment d’une culture.
Dans son immense majorité, le théâtre a toujours en Orient une fonction morale et didactique. Le combat des forces du bien et du mal et la victoire héroïque et inéluctable des premières y sont à l’image de la lutte intérieure de chacun contre les vices et les passions, lesquels, selon l’hindouisme, représentent les tendances « obscures » qui lui voilent la Vérité lumineuse.
Chaque protagoniste est considéré comme un archétype. Cette « lisibilité » du héros est renforcée par son costume, y compris ses couleurs et ses attributs, par sa démarche, par le timbre de sa voix, éventuellement par son masque ou ses peintures faciales et corporelles, qui constituent autant de repères symboliques permettant de l’identifier et d’en évaluer le rôle dès sa première apparition.
Pour comprendre l’essentiel de l’iconographie indienne et indonésienne, et des allusions littéraires, il faut connaître le contenu des deux grands textes sacrés de l’Inde du début de notre ère, traduits en javanais au Xe siècle: le Ramayana et le Mahabharatta. En Inde, seuls quelques érudits les lisent encore dans le texte origi-na/ sanscrit. Par contre, absolument n’importe qui, les enfants comme les paysans illettrés, en connaissent les principaux épisodes appris sous forme de bandes dessinées ou de récits racontés oralement. Les personnages de ces épopées sont pour chacun des héros dont les exploits et le comportement conservent aujourd’hui encore toute leur valeur exemplaire.
Guergana KOSTADINOVA – Michel REVELARD