L’âme d’une ville: le carnaval de Limoux / Guergana Kostadinova, Michel Revelard.- Binche : Musée international du Carnaval et du Masque, 1998.- 27 p. : ill. ; 30 cm.- (Traditions et Patrimoine ; n° 7).- ISBN : 2-87232-013-X.
En vente à la boutique du Musée à 1,50€.
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Préface
Différent des corsos fleuris, des défilés de chars et autres cavalcades, le Carnaval de Limoux n’est pas un spectacle, il est le contraire d’une parade; Il est un folklore à l’état pur, sans reconstitution aucune et c’est pour cela qu’il colle autant à sa ville et à sa région ..
.. Il a marqué des générations et appartient à notre patrimoine culturel.
Si, dans tous les carnavals du monde, il y a un cortège et des spectateurs, il est le seul ou, grâce à la » carabéna » d’abord, à la » chine » ensuite, une osmose totale de familiarité s’établit entre le masqué et le badaud. Le spectateur est indispensable à celui qui est masqué, il est le but de son déguisement; il devient un élément actif d’une comédie improvisée, à deux personnages au moins, où l’on s’envoie à la face les allusions les plus intimes, les plus paillardes, en général en occitan, sans considération ni de personne ni de milieu social.
Les musiciens, une quinzaine environ, donnent le rythme aux masques. La diversité des instruments (trompette, clarinette, baryton, trombone à coulisse, basse, contrebasse, grosse caisse, caisse claire) n’est pas un hasard, elle correspond à la volonté de coordonner le rythme au pas de danse.
Les masques dansent seuls, les bras levés, le geste de la main soulignant la mélodie. C’est la pureté de ce geste qui donne au Carnaval de Limoux tout son caractère solennel.
Précédant la musique, les » bandes » sortent lors de la journée qui leur est consacrée et vont ainsi d’un café à un autre. A tour de rôle, trois par trois, les membres de la bande ont le privilège de « mener » la musique; ils sont le lien entre les musiciens et la bande, ils en sont les chefs d’orchestre. « Mener » leur enlève le droit de « chiner » et de jeter des confettis. Ce sont les autres membres de la bande qui se font un plaisir de le faire, aidés en cela par la « carabéna » qui fait naître la « chine ». Derrière la musique suivent les « goudils », drôles, nobles ou très ordinaires. Ils sortent généralement par petits groupes ou bien seuls, dans l’improvisation la plus totale.
Le char de Sa Majesté Carnaval est reçu, le premier dimanche des festivités, par les » Meuniers » vêtus d’un bonnet, d’une blouse et d’un pantalon blancs, d’un foulard rouge, chaussés de sabots et arborant à la main le fouet… illustrant un air de carnaval; le char est un apport récent et servira de base au jugement rendu en occitan le dernier dimanche, lors de la Nuit de la Blanquette, et dont le verdict aboutira à son incinération.
Henry Fiorotto, Président et l’équipe de l’Office de Tourisme de Limoux